De la terre à la peau, du jardin au labo…

De la terre à la peau, du jardin au labo… Visite chez Cameline, octobre 2015
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Patricia Lariguet est docteur en biologie (chercheuse en génétique moléculaire des plantes même !). Avant de s’installer dans notre région, Patricia était maître-assistante à l’université de Genève. Cameline est née en 2010 après une formation en cosmétique naturelle et la commercialisation des produits a démarré en 2011. Son travail d’hier lui permet aujourd’hui d’écrire ses propres formulations avec des ingrédients locaux et d’origine paysanne.

À la question : pourquoi telle plante a telle propriété, Patricia nous répond que c’est encore un mystère. Il existe de nombreux travaux sur l’efficacité des plantes mais sur leurs mécanismes d’action très peu ! Les plus nombreux étant  à chercher du côté des pays de l’Est…

Et pas la peine de se demander pourquoi les chercheurs qui souhaiteraient étudier de plus près les plantes ont si peu de moyens…

Patricia  et son large sourire nous accueillent devant une petite étable où des vaches sont occupées  à manger et ruminer leur tas de foin.

Nous, nous ruminons aussitôt une question : il n’y a pas de  lait dans les cosmétiques Cameline alors des vaches  pour quoi faire ? La réponse est simple…

Quand Patricia et son ami s’installent en 2009 à Latrape sur ce terrain de 5 hectares, ils constatent que la terre argilo-calcaire est assez pauvre. Que faire ? Peu d’engrais bio dans le coin… Et comme on n’est jamais  mieux servi que par soi-même… Bérénis, Juliette et Géraldine, les 3 vaches débarquent rapidement et avec elles un fort potentiel d' »engraitude » (et de gratitude) !

La propriété de Patricia fait rêver. Située sur les hauteurs avec des prés qui descendent jusqu’à la rivière, Patricia a aménagé son petit carré de plantes « sauvages » destinées à la cosmétique le long du chemin qui mène à sa maison.

Là elle cultive menthes, saponaire, camomille, bardane, achillée, consoude, verveine, calendula, mauve, lavande, etc. qui entreront dans la composition de ses cosmétiques et tisanes. Elle récolte au printemps et à l’automne, fleurs, feuilles et racines qu’elle nettoie avec soin avant de les transporter dans son laboratoire situé à 50 m de là. Pas de grosses quantités pour le moment mais cela lui demande déjà un travail à plein temps.

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A l’automne, par exemple, Patricia extraie 1 ou 2 pieds de consoude (Symphytum officinalis) qu’elle nettoie et qu’elle va ébouillanter avant de broyer les racines, la partie qui entre dans la composition de ses crèmes. La consoude a comme propriétés de réparer les tissus en surface et en profondeur, traite ainsi aussi bien les chocs que les fractures et répare l’épiderme.
Saponaire officinale (Saponaria officinalis L.)
La saponaire (Saponaria officinalis L.) est aussi récoltée à l’automne. Il s’agit d’un détergent naturel. Patricia l’utilise notamment dans la lotion « ado » pour nettoyer la peau en profondeur et soigner les problèmes de peau. En latin, Sapo signifie « savon ». La saponaire ou herbe à savon peut aussi être utilisé comme lessive et shampoing. C’est la saponine (on en trouve dans la luzerne, le lierre, le marron d’Inde, etc.), un tensioactif naturel, qui confère à la plante ses propriétés lavantes et moussantes.

Dans ses préparations Patricia n’utilise que des produits locaux : l’huile de tournesol (la plus stable) de chez M. Roca (celui-là même qui était à notre dernier marché-rencontre), de la cire d’opercule de Haute Garonne comme émulsifiant pour agglomérer ses eaux florales et ses huiles de macération…

Nous remercions Patricia de nous avoir accueillies avec autant de gentillesse. ET, ne nous y trompons pas, son enthousiasme, sa fraîcheur et sa modestie entourent généreusement une volonté de fer et une grande persévérance.