Une Pépinière Populaire et Collective (Nature et Progrès 31)

A l’initiative d’adhérents Nature et Progrès 31, une Pépinière Populaire et Collective pour les vallées de l’Ariège et de la Garonne

Pour bien suivre le texte qui suit, il faut savoir qu’un plant d’arbre fruitier est produit en liant un porte-greffe et un greffon par le biais d’une greffe.

A l‘origine de ce projet, Laurent et Jonathan, qui sont maraîchers et arboriculteurs en Haute– Garonne et adhérents “Nature et Progrès”.  

Précisons que tous les deux sont maraîchers avant d‘être arboriculteurs, car cest l‘envie de développer le côté arbres fruitiers qui est l‘une des sources de ce projet. De plus, cest lidée de mélanger arbres fruitiers et légumes, de progresser dans la polyculture qui les motive. Donc deux hommes, deux volontés, mais aussi une visite, celle du jardin-forêt de la Fraternité ouvrière à Mouscron (Belgique) avec « la pratique du partage sans coût monétaire », précise Jonathan. Là-bas, différentes activités reposent en partie sur des principes d’échanges, de partage et de solidarité. C’est plus exactement un jardin-forêt « permaculture » dans lequel légumes et fruits cohabitent, poussent ensemble, s’entremêlent, avec une grande diversité de variétés.

Le projet est de monter une pépinière darbres fruitiers « collective » qui permette à chacun d’avoir des plants de fruitiers à prix réduits tout en greffant soimême les porte-greffes.

La marche est donc collective, puisqu’il sagit de faire ensemble, mais elle se veut aussi ouverte, accessible à tous, pour le partage, léchange. Chacun donne un peu de soi, par exemple sous formes de techniques, de greffons, de temps que l‘on passe à greffer. me si une personne n’a pas de greffons, elle peut apprendre à greffer et avoir des plants. Si une personne ne veut que quelques arbres et donc acheter quelques porte-greffes, c’est possible alors que les porte-greffes ne peuvent généralement sacheter qu’en grandes quantités. Et il nest pas cessaire de vouloir un fruitier pour participer, la seule envie d‘apprendre à greffer est suffisante. Et à la fin de la journée de greffes, « on prend des arbres, peu importe qui les a greffés », nous dit tranquillement Jonathan.

Ces fameuse journées de greffes sorganisent donc aussi autour de l‘apprentissage et donc l‘enseignement du greffage. Elle repose sur lidée de transmission des savoirs et savoir-faire, ainsi que sur l‘expérimentation. Pour Jonathan, « c’est un geste paysan », une technique dont on donne les grands principes mais pour laquelle il faut observer l‘autre faire et surtout essayer. Ainsi, en début de journée, ceux qui savent greffer introduisent ceux qui ne savent pas à l’art du greffage, puis les débutants se lancent avec quelques « essais à blanc » sur des bouts de branches. Quand une maîtrise minimum apparaît, ils se lancent dans l‘aventure de l‘univers un peu magique du végétal qui voit des arbres se lier par cette opération, prennent un vrai porte-greffe et un greffon. Peu à peu, le geste se précise, saffine, se ressent de mieux en mieux, commence à sancrer dans le corps.

Diversité des personnes dans le groupe, diversité des variétés de fruits. En effet, les différentes provenances des porteurs de greffons permettent de récupérer beaucoup de variétés, dont des variétés anciennes : plaisir du goût, beauté des formes et des couleurs des fruits, port et feuillages différents des arbres… Les différentes variétés arrivent donc sur le lieu de greffage collectif et repartent greffés dans de multiples directions, voyagent puis senracinent. Chacun peut donc obtenir des types de fruits qu’il n’aurait jamais pu avoir sans cette association. Egalement, chaque porteur de greffons a le contentement de faire connaître ses variétés, d’établir peuttre comme un lien par la variété commune détenue. En 2014, 90 variétés de pommes ont été greffées.

Ainsi, les deux initiateurs de ce projet se situent dans la « démarche globale de la ferme ». Comme le clame Laurent, il permet de planter des arbres, de « réintroduire les arbres dans le paysage agraire [et ainsi] de reconstituer le paysage détruit par le paysan ». Plus que la simple production de fruits comme nourriture, les arbres fruitiers participent de la réanimation de la vie de l‘environnement, notamment par l‘association de plantes différentes. Dans le même temps, c’est la recomposition visuelle d’une beauté rurale et d’un horizon.

Et ça marche ! Le bouche à oreille fonctionne toujours aussi bien et amène une augmentation de personnes intéressées chaque année et donc d’arbres à greffer, de 1000 à 3000 en 2015. Cette initiative se révèle une belle piste pour relancer ce savoir et savoir-faire paysan, pour le transmettre, mais aussi pour mettre en relation d’une autre façon paysan et non paysan, pour souvrir à l’autre.

Pour en savoir plus

Revue nature et progrès Avril Mai 2015 “une pépinière collective “

www.natureetprogres.org